"And the more he dwelt on her perfections, the uglier death looked, and the more deeply was he smitten with penitence at her continued tears. Now he felt that no man could have the courage to leave a world which contained so beautiful a creature; and now he would have given forty minutes of his last hour to have unsaid his cruel speech."
(Robert Louis Stevenson, "The Sire de Malétroit's Door")
Ce qui est le plus terrible dans tout ça n'est point être dans le noir - abandonné, oublié - ni se sentir suffoqué. Tant qu'on ne respire même pas, tout devient superflu.
Pris dans les mailles d'un filet trop mince pour être aperçu, tel un poisson en air, percé des rayons d'or d'un soleil blanc, difficile de ne pas se voir en train de fouler une surface cotonneuse en comparaison à quoi le sable mouvant semble être plein d'humanité et d'affection. Sans articulation, les sons non articulés, le sec: mouillé tandis que les liquides, si durs.
Des parois sont tout autour, rien que des parois. D'où la chose la plus terrible: seul un mouvement est encore possible, comme imposé d'en haut: l'ascension.
Toujours est-il qu'il a raison, Jacques Roubaud, en disant, Quelque chose noir.
Mais non, on ne touche pas aux murs, pas de tête contre le mur. On n'escalade pas non plus pour en sortir: ce n'est pas comme ça qu'on y échappe, au risque de se faire mal aux tessons plantés sur les bords (mais quels bords?). Aucun endroit à se cacher le visage. Tellement nu, en manque d'une présence protectrice. Tout est absence.
Dans un roman de Charles Dickens, Hard Times, quelques chapitres vers la fin constituent un véritable manuel sur le comment sortir quelqu'un d'un puits: c'est un travail pénible qui demande une vraie main-d'oeuvre. Et le puits en question s'appelle comme par hasard un puits "du diable" ou quelque chose de proche. Il s'ensuit que le puits c'est l'enfer réservé aux innocents. Le résultat de cette ascension à treuil: la mort toujours inévitable.
Ascension, lévitation (rien de commun avec le vol ou l'envol), ou bien transcendance. Mais cela, ce n'est rien d'autre qu'un adieu adressé à l'immanence.
et puis le puits
encore que, encore que
Au début de Regain, Jean Giono met en scène un puits creusé difficilement. Il faut la mort d'un homme, un étranger passant par hasard et qui y descend volontairement pour quelque sous, pour que jaillisse de l'eau. La vie demande la mort et l'ironie est qu'après, personne n'en ose boire. Giono ne sait plus, par la suite, que faire avec ce trou-là et il disparaît presque complètement du récit.
Ne vaudrait-il pas mieux rester au fond du puits? C'est malgré tout un refuge.
Un souvenir personnel: la margelle d'un puits, quand j'avais deux ans ou deux ans et demi, enfin tout juste un bébé.
Mais avant d'y revenir, quelque chose me tire vers des descriptions du calme de Melville, dans Mardi (Chapter 2). Ce phénomène peut être plus dangereux que les tempêtes, quand on a une âme: car il s'agit là d'un "state of existence where existence itself seems suspended". "The stillness of the calm is awful". Pour l'homme attrapé là-dedans, "It keeps up a sort of involuntary interior humming in him, like a live beetle. His cranium is a dome full of reverberations. The hollows of his very bones are as whispering galleries". Mais ce n'est pas tout: "But more than all else is the consciousness of his utter helplessness". Et pas d'issue: "Vain the idea of idling out the calm", puisque le matelot "has taken the ship to wife, for better or for worse, for calm of for gale, and she is not to be shuffled off".
De toute manière, depuis belle lurette on sait que l'homme le plus heureux du monde, et peut-être l'unique homme heureux, est bien celui qui vit dans le fossé, sans avoir jusqu'à une chemise. Quoi demander, alors?
cá nhảy lên bờ và dòng nước quay lưng
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